« Elle a la voix que j’aurais si je parlais quand je me tais »
Extrait de travail en cours
« Là, une mère avec une poussette et un enfant en bas âge qui pleurniche. Ici deux jeunes en sarouel. Dreadlocks, perles. Une guitare dans le dos. Rien à prendre. Tailleurs stricts. Jupes bohèmes. Ni poche, ni sac. Calvitie. Lunettes de vue, lunettes de soleil. Ce garçon qui court. Bouscule. Visage inquiet. Un train à prendre. Regards désapprobateurs. Montres épaisses. Fins colliers. Sacoches surprotégées. Rires d’adolescents. Roses, violets, noirs, rouges à lèvres. Paupières multicolores. Ici, l’acné que les couches de fond de teint ne peuvent cacher. Tache de naissance. Tache de graisse sur T-shirt blanc. Tache de transpiration sous les bras. Dans le dos. Souffle court. Regards aimantés à l’écran. Smartphones de tous genres. Canne blanche et rouge effleure le sol. Lunettes noires pour cacher les pupilles mortes. Un vendeur de roses. Un jeune homme, tablette à la main, cherche de nouveaux donneurs pour « nos amis à quatre pattes ». On s’écarte. Regards rivés sur le panneau d’affichage. Un train est supprimé. Une femme s’excite au téléphone. Elle a son avion à Genève dans moins de 3 heures. Talons. Deux, cinq, huit, douze centimètres. Compensés. Plats. Démarche souple ou hésitante, sautillante. Quelqu’un boite. Oublier de chercher. Observer. Se ressaisir. Des femmes voilées discutent avec animation. Une dame les observe, nez retroussé. A ses doigts, plusieurs pierres. Et une laisse. Au bout, un chihuahua sur son trente-et-un. Paupières lourdes de far trop foncé. La peau des joues tirée sur les oreilles. Le bonheur d’un chirurgien plastique. Une pochette en écaille sur le côté. Une pochette déformée par un objet rectangulaire. Une pochette ouverte. C’est la Marque. »